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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 21:33

 

 

Grand central : Photo Léa Seydoux, Tahar Rahim

 

 

Grand Central

 

Film de Rebecca Zlotowski

 

Avec Tahar Rahim, Léa Seydoux, Olivier Gourmet, Denis Ménochet

 

 

 Pendant un bon bout de temps, dans "Grand Central", on peut être amené à se poser la question de savoir quelle est la motivation précise de Rebecca Zlotowski, en campant son intrigue dans cet univers ô combien peu séduisant d'une centrale nucléaire.

 

 On serait tenté, de prime abord, d'attribuer au film une dimension fortement réaliste, tant l'univers dépeint, à coup de précisions discursives, mais surtout d'actes, renvoie à une véracité documentaire. Tout semble plausible, dans "Grand Central", et la seule apparition, parfois en arrière plan, de ces centrales puissamment phalliques, ajoute à cet ancrage d'un effet de réel.

 

 Pourtant, le souci documentaire, à vouloir être brossé avec l'exactitude la plus minutieuse, contient son potentiel de dérive. La vision de ces centrales, bien que relayant le rapport au travail dangereux auquel sont soumis ces hommes, finit par engendrer un climat irréaliste, fantastique, une sorte de réalisme poétique. Il en est ainsi de ces corps d'hommes que Rebecca Zlotowski filme dans leur quotidien, en liaison avec leur activité difficile (de tests de radioactivité jusqu'à la douche). L'insistance de la caméra à  scruter cet univers masculin finit par doter ces corps d'une aura fantasmatique, à la limite de la fétichisation.

 

 A partir de là, dans cet univers clos, il y avait vraiment matière à tisser une relation complexe entre les différents protagonistes, particulièrement entre Gary (Tahar Rahim) et Toni (Denis Ménochet), les deux hommes convoitant la même femme. Mais la tentative de créer une histoire d'amour entre Gary et Karole (Léa Seydoux) fait souffler un drôle de parfum sur le film : doucement irruptive, cette histoire n'est fondée sur aucune intensité. Tout juste Rebecca Zlotowski prend-elle appui sur les codes d'un certain cinéma romantique, axé autour du coup de foudre. Seulement, cette rencontre, fondée sur une attraction mystérieuse, évanescente, frappe par son caractère exsangue.

 

 Le plus étonnant dans le film, c'est la liquidation définitive de la veine naturaliste inaugurale, en faisant évoluer les deux amants dans une nature vierge de tout conflit, et même de tout épanouissement. La nature ici est récréative, enrobant les personnages dans une nébuleuse pseudo-romantique. Il y a jusqu'à la position allongée de Léa Seydoux, nue dans l'herbe, qui évoque celle, fameuse, de Kirsten Dunst dans "Melancholia". Seulement, ici, ce décrochage avec la dimension réaliste du film le divise totalement, au point qu'on ne sait pas quoi faire de ces scènes d'idylle dans la nature. Dommage pour un film qui adopte au départ un sujet pour le moins peu évident, d'une certaine âpreté, pour finalement l'enrober d'une nappe aussi éthérée.

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