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11 novembre 2015 3 11 /11 /novembre /2015 13:46

 

                                      Photo : Nan Melville

 

 

 

Solo Olos / Son of Gone Fishin’ / Rogues / PRESENT TENSE

 

Chorégraphie de Trisha Brown

 

Avec en alternance, Cecily Campbell, Marc Crousillat, Olsi Gjeci, Leah Ives, Tara Lorenzen, Jamie Scott, Stuart Shugg

 

 

 On ne présente plus Trisha Brown, grande prêtresse de la danse post-moderne américaine. Et il était d'autant moins évident, pour retracer un parcours de plusieurs décennies, d'offrir au public seulement quelques jalons. Présentation équilibrée et symétrique pour les quatre pièces : "Solos Olos" (8mn) puis "Son of Gone Fishin'" (25mn) ; "Rogues" (8mn), puis PRESENT TENSE (25mn), entrecoupées en son centre par un long entracte. Si elles ne sont pas proposées dans l'ordre chronologique ("Rogues", (la plus récente, datée de 2011, venant en troisième position), c'est comme pour entretenir l'illusion d'une progression implacable.

 

 Certes, entre "Solos Olos", de 1976, et "PRESENT TENSE" (2003), il y a des différences majeures. La première affiche ce style si caractéristique de Trisha Brown, marqué par des mouvements des danseurs à la fois nets et simples, géométriques et anguleux, un rapport au sol très affirmé. Point d'envol là-dedans, mais une grande souplesse qui donne aux corps un air aérien, un ancrage qui n'empêche pas la légèreté. Tout le contraire dans "PRESENT TENSE", qui marque l'accomplissement ludique d'une danse joyeuse, faite de sauts traduisant cet épanouissement de la chorégraphie, de gestes acrobatiques où les corps sont propulsés par les pieds de danseurs couchés. Pure jubilation des effets de passage.

 

 Mais "Solos Olos" distille encore une impression de liberté, comme si la danse, malgré cet équilibre des figures, s'expérimentait sous nos yeux. Une danseuse s'échappe du groupe, sort de la scène et vient s'asseoir au premier rang et, munie d'un micro, donne des indications à ceux restés sur le plateau, en leur demandant d'exécuter des mouvements précis.

 

 "Son of Gone Fishin'", la deuxième pièce, est certainement la plus troublante. Dans le ballet incessant des danseurs, on y perçoit moins un centre, une harmonisation des mouvements dans l'espace, tant précisément, il s'agit de se disperser. Moins d’harmonie, mais pourtant, dans ce flux, des duos se constituent, de manière éphémère. Tout semble s'ordonner dans un affleurement des corps, pour très vite se dissoudre. Dans cet élan, soudain, deux danseurs se frôlent, leur dos se frottent mutuellement. Contacts passagers, qui signale l'inaltérable flux de la danse, intimant au spectateur de ne pas le rater.

 

 Avec "Rogues", c'est à une clarté chorégraphique à laquelle on a droit, avec ces séquences pour deux danseurs, aux figures souvent synchrones, les décalages venant confirmer le travail de Trisha Brown, qui laisse toujours, quelque part, une ouverture possible. Quatre pièces pour quelques quarante ans de créations, qui passent comme dans un souffle, en laissant toutefois une empreinte indélébile.

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