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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 14:57

 

 

                  Photo : Mario Del Curto

 

 

Plexus

Spectacle d'Aurélien Bory

Avec Kaori Ito

 

 

 

 Bien évidemment, "Plexus" frappe de prime abord par sa qualité scénographique, une sorte de magie contemporaine pertubant le sens visuel du spectateur. Pourtant circonscrit sur un plateau mouvant mais dont on peut cerner les contours, l'impression d'une dérive totale, qui embrasse des étendues spatiales, demeure. Lignes de fuite, apesanteur, extensions, flottements : il est rare qu'un dispositif sur une scène familière entraîne autant de perte de repère.

 C'est que l'un des principes qui fonde la création de "Plexus", est de partir d'un en-deçà du visible, de jouer avec la notion d'apparition - en cela, il est souvent traversé par la question des fantômes. En cela, que le spectacle soit au fond un "portrait" de Kaori Ito apparaît pleinement justifié. La danseuse et chorégraphe japonaise, que l'on a pu voir lors du dernier "Paris quartier d'été", s'engageait déjà dans un rapport d'échelle des corps ludique, en compagnie d'Olivier Martin-Salvan dans le spectacle "Religieuse à la fraise" qui mettait en présence : le gros et la petite.

 Ici, le corps de Kaori Ito, s'il ne se confronte pas directement à un autre, parcourt des étapes successives, dont le fondement est bien sûr la question de la naissance. Avant que "Plexus" ne s'engage dans l'élévation, il explore l'intérieur du corps par l'usage d'un micro qui amplifie les battements de coeur. Et dans ce processus qui va de l'intérieur vers l'extérieur, le spectacle comporte de beaux moments, destinés à rendre compte de la question du passage. Il y a notamment ces répétitions d'actes où Kaori Ito ouvre successivement des rideaux, comme lorsque, dans un tracé initiatique digne des contes (Alice n'est pas loin), on cherche l'accès à des zones inexplorées.

 Dans cette amplitude entre intérieur et extérieur, "Plexus" lorgne du côté de Sankai Juku, dont bon nombre de spectacles tournent autour de la notion de naissance, de la chute et de l'ascension, où la respiration renvoie à des pulsations essentielles, primaires. On gardera longtemps en mémoire le corps en apesanteur de Kaori Ito, chutant lentement pour remonter à la surface et, dans une ultime étape, tenter d'accéder à une ouverture.

 

 Métaphore la plus prégnante de l'accès à la vie dans la pièce. Elle ne s'oppose pas aux scènes où le corps de Kaori Ito, au sol, se trouve dans des équilibres improbables, tant la tension avec les fils qui l'entourent engage une lutte un peu absurde. Le personnage qui s'arrache aux fils (littéralement la marionnette qui échappe à son créateur) et qui s'élève vers une ouverture au-delà participe du même mouvement de conquête. En cela, "Plexus", proposition courte d'Aurélien Bory, embrasse avec maestria des champs immenses.
 

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commentaires

C
Bonjour, j'aimerai vous parler d'un spectacle que vous auriez peut-être envie de voir. Puis-je vous contacter en MP ?
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