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8 novembre 2017 3 08 /11 /novembre /2017 13:22

 

 

 

Simulacrum

 

Spectacle d'Alan Lucien Øyen

 

Avec Shôji Kojima, Daniel Proietto, danse, Miguel Angel Soto Pena, Lagos Aguilar Davido et Gomez Gorjon Juan Ignacio, musique flamenco

 

 

 Il n'y a peut-être pas un spectacle qui mérite plus d'être qualifié d'hybridation que celui d'Alan Lucien Øyen, tant son fondement repose sur la présence de deux danseurs pris dans le cycle de la transformation, du déplacement des lignes, de la transversalité des cultures, des formes, des corps. A cet égard, le titre de la pièce « Simulacrum » est au fond assez énigmatique, puisque la mise en présence de deux danseurs d'horizon divers vise à retracer leur parcours singulier, mais réel.

 

 D'un côté, Shôji Kojima, danseur japonais âgé maintenant de 77 ans, parti du Japon pour aller en Espagne et devenir un maître dans la pratique du flamenco. De l'autre, Daniel Proietto qui, de son Argentine natale, s'est rendu au Japon pour apprendre le kabuki à travers la technique de l'onnagata (rôle féminin tenu par les hommes). Si, à travers ce point de contact qu'est le Japon Alan Lucien Øyen pourrait donner l'impression d'établir une rencontre artificielle, tout le mérite de sa pièce est de faire précisément de cette collusion la matière d'une histoire à dérouler sur scène.

 

 Et, première surprise avec « Simulacrum » avant la mise en avant de la danse, c'est véritablement à un processus théâtral auquel on assiste. Par l'entremise de plusieurs langues (français, anglais, espagnol), maniées avec un accent caractérisé, les deux protagonistes mettent véritablement en scène leur rencontre, comme avec cette séquence savoureuse où Daniel Proietto est interpellé dans un train par Shôji Kojima, alors qu'il est en train de lire. La scène révèle le dispositif mis en place par le metteur en scène (aussi chorégraphe et écrivain) : une structure en bois se déployant par des sortes de tiroirs, formant des paravents sur lesquels se déploient un paysage. Évocation du temps du cinéma muet, donnant à « Simulacrum » une douce aura onirique.

 

 Si la pièce est marquée par un aspect autobiographique, vient se greffer une dimension pédagogique : les gestes du flamenco exécutés par Shôji Kojima sont expliqués par une voix-off, tandis que Proietto détaille lui-même l'histoire du kabuki, notamment la raison pour laquelle tous les rôles sont interprétés par les hommes (liée à la prostitution à laquelle étaient exposées les interprètes femmes).

 

 A force d'aborder tous ces champs (théâtre, danse, histoire), « Simulacrum » court le risque de se disperser, de perdre en unité – et, en son centre la pièce se délite un peu par sa lenteur et en ne s'engageant pas franchement dans sa partie chorégraphique. Mais elle reste attachante par cette façon de documenter la trajectoire des deux danseurs. Les voir évoluer sur scène dans leur style respectif suffit à inscrire dans l'esprit du spectateur tout le travail accompli. Surtout, la prestation finale de Daniel Proietto après l'entracte, magnifique, achève de susciter l'adhésion, en ce qu'il nous fait comprendre et percevoir toute la beauté d'un engagement artistique.

 

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