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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 18:11

 

 

 

Shown and told

 

Conception et interprétation de Meg Stuart et Tim Etchells

 

 

 Familière du Centre Pompidou, Meg Stuart nous a habitués à des pratiques chorégraphiques souvent basés sur l'improvisation. Cette artiste, si elle s'inscrit dans une désormais longue tradition de la danse américaine, qui a révolutionné la discipline, poursuit un chemin original. Son parcours, loin d'être ancré aux Etats-Unis (elle est installée à Berlin ou Bruxelles) s'ouvre constamment à d'autres horizons artistiques, favorisant ainsi un constant renouvellement.

 

 "Shown and told", s'il a l'évidence d'un titre axé sur la division (montré et dit) dépasse le simple cadre d'une expérimentation tranchée. Accompagnée par Tim Etchells, de la compagnie Forced Entertainment, avec lequel elle a déjà collaboré, Meg Stuart entend porter l'expression corporelle au delà d'elle-même, dans un dialogue effréné avec un comédien. Si cette proposition n'est en soi pas si original (on se souvient de Mathilde Monnier dansant pendant que Christine Angot lisait son propre texte), c'est la manière dont les deux artistes dépassent leur appartenance artistique respective pour tresser un duo passionnant.

 

 Dans cet échange, on ne s'attendait pas de prime abord à voir Meg Stuart autant danser. Une danse expressive, ancrée au sol, faisant la part belle aux mouvements des bras, entre vivacité des gestes et traits secs. C'est sans doute la condition sine qua non pour que s'exprime dans toute sa plénitude le rôle de Tim Etchells, consistant à commenter à sa manière les mouvements de sa comparse. Créer du sens par la parole là ou la danse en soi a son langage propre.

 

 Et on a beau ne pas maîtriser l'anglais, on comprend quand même que cette illustration des gestes de Meg Stuart n'est pas donnée comme tel. Commenter, pour Tim Etchells, avec ce que cela implique comme phase d'improvisation, ne consiste pas à conférer un sens irréductible à des gestes. Tout l’intérêt de "Shown and told" repose ainsi sur ce dépassement de cette simple illustration. Si la voix d'Etchells progresse de manière volontairement hésitante, c'est pour se situer sur un jeu d'incantation pure, où les mots sont répétés, comme s'ils se forgeaient à l'instant de la parole.

 

 Point de sécheresse expérimentale dans cette approche, pour autant. A mesure que la voix de Tim Etchells se fait plus hoquetante, que ses descriptions se démarquent de toute véracité, le spectacle prend un tour loufoque, aux confins de l'absurde. C'est d'abord par l'implication progressive du corps d'Etchells, marqué par une hésitation, un tâtonnement lié à la façon de se situer dans l'espace, tel un être emprunté qui apprend à trouver ces repères. Dimension véritablement burlesque donnant au jeu d'Etchells toute sa saveur.

 

 Mais "Shown and told" n'est pas construit sur une linéarité, et procède à des dérives. Meg Stuart ne se cantonne pas dans la danse, et s'exprime également. Ces passages contiennent des moments désopilants où, là encore, Tim Etchells donne la pleine mesure de son potentiel comique : il se lance dans une longue série de descriptions absurdes et, peu après, se retrouve allongé au sol sur le côté, dans une posture inconfortable, égrenant quelques mots marqués par cette gène. Le spectacle, où percent quelques clin d’œil au public, atteint alors à une légèreté rompant définitivement tout programme théorique.

 

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