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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 13:39

 


 

aSH

 

Conception, scénographie et mise en scène d'Aurélien Bory

 

Chorégraphie et interprétation de Shantala Shivalingappa

 

Percussions Loïc Schild


 

 Si la chorégraphe et danseuse indienne Shantala Shivalingappa est connue pour avoir fait partie de la troupe de Pina Bausch et collaborer avec bien d'autres artistes (comme Sidi Larbi Cherkaoui), il ne faut pas oublier qu'elle est une très grande interprète de Kuchipudi. Ce style du sud de l'Inde, bien moins représenté à Paris que le Bharata Natyam, est la matière qui infuse aSH. Dans la pièce conçue par Aurelien Bory, la danseuse élégante, toute en finesse et en précision, livre une prestation minimaliste.


 

 Avec elle le Kuchipudi, genre virtuose, est réduit à une simplicité analytique, comme si, par la lenteur de certains mouvements, il s'agissait d'en saisir l'essence, en mettant sa fonction narrative ultra codée de côté. Les gestes n'en sont pas moins porteurs d'une puissance suggestive illimitée. La technicité étonnante de Shantala Shivalingappa culmine dans les cercles parfaits qu'elle dessine à terre avec de la cendre. Une perfection graphique qui renvoie aux confins de rituels indiens, jusque dans la quotidienneté des dessins exécutés devant les maisons.


 

 On pourrait craindre que la prestation de cette danseuse gracile ne soit quelque peu noyée par le dispositif scénique, constitué d'un grand voile noir, mouvant au gré des différentes parties. Mais il y a une interaction permanente entre elle et ce voile impressionnant. Surtout, c'est aussi une histoire qui prend forme, à travers la figure de Shiva, le destructeur, mais aussi dieu de la danse, au corps recouvert de cendres. Plus qu'une interaction, c'est un dialogue qui s'élabore entre la danseuse et ce rideau protéiforme. Comme dans la légende du Mahabharata, les figures des Dieux sont omniprésentes, et tout mouvement participe d'une tentative de communiquer avec eux, dans un dévouement indéfectible.


 

 Cette impression est d'autant plus forte que le voile noir n'est pas seulement un objet qu'on manipule. Le percussionniste inspiré, Loïc Schild, en y exécutant quelques figures avec ses mains, participe de ce dialogue, et contribue à en faire un personnage à part entière, tandis qu' à l'arrière, telle une voix incessante et affirmative, des frappes constituent autant de battements signifiant une qualité de vie. Cette alliance entre la volonté de rendre une présence obscure et la présence délicate d'une danseuse est particulièrement réussie.

 

A la Scala, du 16 février au 1 mars

 

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