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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 13:40

 

 

 

 

 

Bongsan talchum

 

 La Maison des Cultures du Monde poursuit son inlassable découverte de la culture coréenne. Les deux dernières années nous ont donné l'occasion d'assister à des concerts magnifiques, empreints, de par la nature des styles représentés, d'un profond recueillement. C'est un tout autre genre qui a été présenté pour l'ouverture du festival de l'Imaginaire cette année : le Bongsan talchum, une forme de théâtre masqué et dansé, originaire de Corée du Nord, mais à présent vivace dans le sud.

 

 Ce n'est pas tant que ce style soit à vue d'œil profondément original. On sait dès l'abord à quel type de spectacle on va assister : danse, musique, théâtre, humour composent les ingrédients principaux destinés à détendre un public, à l'opposé des formes savantes, cérémonieuses, déjà entendues dans les mêmes lieux.

 

 Pourtant, si le Bongsan talchum exerce sur les spectateurs une indéniable séduction, c'est par une combinaison harmonieuse des éléments pré-cités. Il y a d'abord cette musique, familière pour les habitués du lieu, qui constitue comme un soubassement, un socle sûr et, pour tout dire, aussi sérieuse qu'une simple prestation instrumentale - le Sinawi, autre genre à venir dans ce festival, le confirmera sûrement. Il faut dire que les instruments en présence se retrouvent pour la plupart aussi bien dans les musiques de cour que de chambre, apanages d'antan des nobles et des aristocrates : hautbois piri, flûte daegum, vièle haegum et tambour janggo.

 

 Ce mélange entre tapis sonore savant et expression théâtrale désopilante s'avère détonnant et constamment surprenant. La trivialité se mêle à un certain cynisme : à un personnage qui demande à des moines s'il peut réciter des vers, il est répondu : "le chien de l'école confucianiste a bien appris à aboyer en vers en trois mois, pourquoi pas toi ?".

 

 Le spectacle tire sa capacité à émerveiller par l'intrication d'expressions anciennes avec une dynamique théâtrale dont l'effet reste intact, rappelant certaines formes occidentales, comme la commedia dell'arte. A côté des danses axées sur un déséquilibre du corps (on y sautille, comme dans un état d'ivresse), l'originalité repose également sur la mise en valeur des corps, l'irréalisme débridé de certains actes. Il y a par exemple une grand-mère aux déhanchements marqués, ou ce personnage au masque déformé qui parcourt l'espace tel un petit animal ne sachant comment prendre place par rapport aux autres, toujours en train de s'éventer.

 

 Profondément asiatique par les figures typées qui apparaissent (en premier lieu le dragon, ou le singe), le Bongsan talchum s'achève sur une note plus sérieuse, rituel en hommage à la grand-mère morte. Moment troublant qui, parachevant un spectacle généralement comique, rend compte de la persistance de certains rites au pays du matin calme. 

 

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