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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 15:00

 

 

 

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  Da janela do meu quarto (De la fenêtre de ma chambre)

 

 de Cao Guimarães

 

  On ose à peine l'appeler un film, ni même un court métrage. Disons un petit bijou de cinq minutes, présenté dans la galerie Xippas, à Paris. Pourtant, plusieurs autres y sont projetés, intéressants aussi, révélant le travail du plasticien et cinéaste Cao Guimares. Mais "Da janela do meu quarto" (De la fenêtre de ma chambre) retient encore plus l'attention par ce qui s'y joue d'humanité frémissante, d'excitation contrôlée : deux enfants, sous une pluie battante, dans une région amazonienne au nord du Brésil, s'exercent à quelque lutte dans la boue.

  

 C'est une scène mainte fois vue dans les cours de récré, devant des hlm - de manière parfois violente - mais ici, elle prend un tour particulier par ce qui s'y joue, par le cadre dans lequel elle se développe. Deux enfants donc : un garçon de treize-quatorze ans ; une fille d'une dizaine d'années. Lui, élancé, elle légèrement boulotte. Ils sont torse nus et, au départ, il n'est pas si évident de repérer de suite l'appartenance sexuée de la fillette. Car leur lutte se veut d'emblée fondée sur un engagement complet de part et d'autre, là où l'équilibre des forces penche très nettement en faveur du garçon.

 

 Le garçon aux cheveux crépus, - même si ce n'est pas évident à voir - s'affronte donc à une indienne, et c'est de savoir qu'il est forcément le plus fort qui dénoue toute tension, tout enjeu dramatique. Il s'en amuse, et le plaisir évident qu'il éprouve, marqué par un sourire constant, tient à ce qu'elle cherche, à tout prix à engager la lutte avec lui. Elle lui court après, tend ses bras pour l'attraper. Elle donne des coups dans le vide, car lui ne cesse d'esquiver en des pas gracieux, rapides, en partant en arrière. Elle ne veut pas lâcher le morceau, quand bien même il la maintient à distance en lui tenant la tête. Mais elle revient, il se laisse un peu attraper, déséquilibrer, lui laissant suffisamment d'espace pour qu'elle reparte à l'assaut, sans quoi il n'y aurait plus de jeu, plus de partage.

 

 Nous sommes donc au Brésil, et avec ce jeu dans la boue, on croit distinguer des mouvements de la capoeira, cette danse de combat typique du pays. Mais ici, nul spectateur - à part le cinéaste filmant la scène, répétant des séquences - n'est là pour encourager, exalter ce jeu d'enfant. Et, dans leur course finale, où la fille poursuit le garçon, il y a comme une demande infinie que le plaisir de la lutte reprenne.

 

Galerie Xippas : 108 rue Vieille-du-temple. 75003 Paris. Jusqu'au 14 Mai 

  

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