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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 15:00

 

 
Faut qu'je danse ! ; Daphnis é Chloé

 

Spectacle de Jean-Claude Gallotta

 

Avec Francesca Ziviani, Nicolas Diguet, Sébastien Ledig 

 

 Il y a du Jérôme Bel dans la première partie du spectacle présenté au Théâtre de la Ville-Les Abbesses par Jean-Claude Gallotta, "Faut qu’je danse !". Conçu comme un prologue à "Daphnis é Chloé", ce solo commandé par le Théâtre au chorégraphe, met en œuvre avec une belle énergie le récit de la création du spectacle créé en 1982. Et c’est Gallotta lui-même qui prend en charge cette tâche. Du Jérôme Bel, disions-nous ? Oui, mais le Jérôme Bel de "Cédric Andrieux", qui met en scène le corps du danseur chargé de raconter son parcours ; moins le Jérôme Bel plus conceptuel descendant sur le plateau dans "3Abschied" pour raconter de façon didactique la genèse d’une œuvre.

 

 L'intention de Gallotta repose moins sur l'explication que sur la saisie de moments précis, comme celui où, suite à l’absorption de drogue pour tenir sur scène, il s’était vu ratant sa prestation, ses portés notamment. Mais la magie de la représentation d'une oeuvre a été telle que les commentaires qui ont fait suite s'étaient révélés très positifs. 

 

 L’entrée en matière de "Faut qu’je danse !" a de quoi étonner, en tout cas à maintenir le fil tendu de la surprise : Gallotta arrive, se dirige vers une sorte de pupitre, dont on n’avait pas compris que les deux feuilles étendues, comme des mouchoirs blancs qui sèchent, contenaient le texte qu’il allait nous délivrer. On n’avait pas perçu non plus que le micro qu’il tient à la main dès l’abord, il n’allait plus le lâcher, contribuant à créer un climat étrange, paradoxal et réjouissant, pour quelqu’un qui vient danser.

 

 Cette danse, dont il ne faut chercher nulle trace de perfection technique, crée un climat inhabituel sur scène. Il y a certes une impression d’improvisation, de tâtonnement, de recherche d’un pas, d’un mouvement qui s’inscrirait dans un enchaînement juste, mais ce que cela révèle, en réalité, c’est surtout un rapport au temps, où le corps d’un chorégraphe, âgé maintenant de 61 ans, tente de créer un vertige. "Faut qu'je danse !" est avant tout un spectacle distillant une émotion particulière, liée à cette volonté de déjouer la fuite du temps.

 

 En coupant son discours par des répétitifs "faut qu'je danse !", suivis par une exploration immédiate du plateau, Gallotta restitue avec une belle énergie cette sensation d'urgence. Il y a jusqu'à l'utilisation du micro qui se révèle intéressante, dès lors qu'il le fait tournoyer dans l'air comme un stylo, produire des bruitages spécifiques, en soutien aux quelques borborygmes qu'il émet.

 

 Dans une belle transition amenant Gallotta à s'effacer en coulisse, porté par un beau texte, "Daphnis é Chloé" renaît. Envisagée comme une des plus belles chorégraphies de Gallotta, voilà l'occasion donnée de faire une séance de rattrapage. Si les corps des deux danseurs  renvoient à un statut d'éphèbes révolu de nos jours, le trio formé avec la danseuse (excellente) apporte une fraîcheur intacte dans l'univers chorégraphique. C'est que la matière qui irrigue ce spectacle créé en 1982, qui met en avant la relation entre des êtres humains, reste indémodable, tant elle constitue l'essence de la danse.

             

 

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