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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 22:00

 

 

 

 

 

 

 

  My little princess

 

Film de Eva Ionesco

 

Avec Isabelle Huppert, Anamaria Vartolomei, Denis Lavant, Georgetta Leahu

 

 

 Il est nécessaire de préciser d'emblée que "My little princess" est un premier film. Comparé à la galaxie des oeuvres naissantes régulièrement déposées dans les salles françaises, l'information se révèle banale. La France est l'un des pays d'Europe où la possibilité de tourner des premiers films - notamment pour bon nombre de femmes - s'avère la plus féconde. Accordé à cet environnement favorable, "My little princess" s'en distingue pourtant par la difficulté rencontrée par Eva Ionesco pour réaliser son film.

 

 S'appuyant, comme bon nombre de premiers films français, sur un matériau autobiographique, "My little princess" s'en distingue par la puissance traumatique qui s'en dégage. On y sent, comme rarement ailleurs, que le besoin de réaliser a une valeur cathartique, pour ne pas dire thérapeutique. On ne s'attelle pas comme ça à une histoire d'enfance volée qui a fait la couverture de Paris Match. Nul doute pourtant que le long temps écoulé entre le projet et sa réalisation a servi à Eva Ionesco pour épurer son film, le resserrer jusqu'à ce point d'achèvement essentiel.

 

 Le malaise que d'aucuns pourraient éprouver devant "My little princess" ne tient peut-être pas tant à la violence psychologique de son sujet, qu'à cet attelage radical d'un point de vue sur deux personnes intimement liées jusqu'à l'horreur. Bien que les seconds rôles aient une certaine présence (Denis Lavant, et surtout Georgetta Leahu incarnant une grand-mère dont l'impuissance laisse gronder une révolte), le film ne quitte pas d'une semelle son sujet primordial, au risque de l'étouffement.

 

 Mais ce qui fait le prix de "My little princess", arrachant son intrigue à l'étroitesse de son cadre et à la personnalité de son auteur, c'est la portée universelle du conflit qui s'y tisse. Derrière le déséquilibre manifeste des tensions qui se jouent entre une mère et sa fille, on peut discerner nombre de modalités psychologiques imprégnant l'être humain (traumatismes, frustrations, perversions, manipulations). L'étroitesse du plan - qui semble n'ouvrir aucune perspective - n'a d'égal que le fourmillement des affects. Et ce foisonnement n'empêche nullement des poches d'air de se créer, notamment par un renversement, un rééquilibrage des rapports de force (la possibilité de révolte de la fille).

 

 Face à une Isabelle Huppert impériale en mère oppressante, alliant la distance froide de femme frustrée et la sécheresse imprécatrice d'une misandre, il fallait une opposition de poids. C'est dire si la prestation de la jeune Anamaria Vartolomei est magnifique. Devant un sujet aussi difficile, fondé sur l'oppression d'une petite fille, il y avait nécessité à trouver un équilibre dans le jeu des actrices. C'est entre la rigidité de l'une et la plasticité révoltée de l'autre que passe le souffle nécessaire empêchant toute asphyxie.

   

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