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7 octobre 2017 6 07 /10 /octobre /2017 15:40

 

Photo : Aki Tanaka

 

Go-on ou le son de la déraison

 

Texte et mise en scène de Suzuki Matsuo

 

Avec Kami Hiraiwa, Shoko Ikezu, Shima Ise, Miwako Shishido, Tom Miyazaki, Sarutoki Minagawa, Seminosuke Murasugi, Elisabeth Marry (danse-accessoires)

 

 

 Pas facile de prime abord de s'y retrouver dans "Go-on ou le son de la déraison", de Suzuki Matsuo, tant le spectateur a tôt fait de se perdre dans les méandres fictionnels de la pièce. Inutile d’envisager celle-ci pièce sur un mode réaliste, tant son fonctionnement interne relève de strates surréalistes, où les thèmes évoqués (la mort, Dieu, la relation entre les individus) sont très vite nappés dans une effervescence stylistique, carnavalesque. De par son enchaînement de séquences assez courtes, on peine à y trouver une logique, si ce n'est celle du rêve. Si on a affaire, dès le début, à une histoire de morte, la pièce relève un peu du cadavre exquis, tant les séquences semblent déconnectées les unes des autres.

 

 Créée en 2002, "Go-on ou le son de la déraison" n'a rien perdu de son pouvoir de séduction, et c'est précisément par le fait de devoir y circuler à travers une forêt de signes, en Alice perdue mais soucieux de trouver une clairière, que le spectateur reste captivé – bien que certains, lors de la première, n'aient pas pu résister et soient sortis en cours. Et Suzuki Matsuo aura beau eu venir sur scène, lors d'un prélude, pour nous donner quelques pistes, ce n'est pas pour autant que l'on s'est senti plus apte à cerner la signification de la pièce.

 

 En ce sens, l'univers de Suzuki Matsuo nous rappelle une autre belle pièce présentée à la MCJP en 2014 "Et même si je me perds", de Shiro Maeda, à l'onirisme revendiqué. Ce beau titre pourrait d'ailleurs totalement correspondre à la pièce de Susuki Matsuo. S'il y est beaucoup question d'interrogations sur l'existence de Dieu (obsession manifeste chez le metteur en scène), la pièce avance en mêlant les registres les plus divers, pris dans un tissu de dialogues abondants ; il n'est alors pas évident de suivre les sur-titres, tant la prestation des comédiens, réjouissante, repose beaucoup sur des mimiques dignes du burlesque. Plus encore, c'est du côté du manga que "Go-on ou le son de la déraison" lorgne, avec des situations particulièrement loufoques : une tête qui sort des toilettes, des corps suspendus, un bébé factice tombant du haut d'un trou, etc.

 

 Si la pièce devient de plus en plus palpitante, à mesure que l'on s'habitue à son rythme effréné, c'est aussi par cette différentiation entre des corps réels et cette référence au manga. Quand la présence des comédiens se signale par une forme permanente de régression, de trivialité scatologique, où la sexualité est présente (les fesses de Suzuki Matsuo, une femme nue dans un bain dont le derrière s'éclaire), en contrepoint, on perçoit une volatilité des éléments, accentuée par les scènes des corps en apesanteur. Tout semble voué au délitement, à la disparition. Évaporation des êtres comme pris dans l'inéluctable mécanisme des rêves.

 

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