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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 20:46

 

 

 

Wayang Golek

 

Dadan Sunandar Sunarya et la compagnie Putra Giri Harja 3

 

 

 La prestation de la troupe du Wayang Golek, invitée à l'ouverture du Festival de l'Imaginaire, nous rappelle les meilleures manifestations de ce festival, du temps de Françoise Grund et de Cherif Khaznadar, souvent orientées vers l'Asie (Inde, Indonésie). C'est à se demander si cette inflexion est liée à la nouvelle équipe qui prend désormais en charge la programmation.

 

 Et quel meilleur lieu que le Théâtre Zingaro pour assister à une telle représentation, quand bien même elle serait édulcorée (1h30 alors qu'en Indonésie, elle dure toute la nuit). Ce n'est pas tant par la forme circulaire du théâtre (qui, en soi, nous invite à appréhender un spectacle avec une vision différente) que la correspondance entre ces mannequins entourant les pourtours de la salle : haut-perchés, ils impressionnent par leur monumentalité, tels des effigies fantômes, mais surtout, ils entrent complètement en résonance avec les marionnettes du Wayang Golek.

 

 En arrivant en avance dans la salle, on a le loisir de contempler ces marionnettes scintillantes, disposées à l'avant-scène, aux couleurs chatoyantes, fascinant aussi bien les enfants que les adultes. Un dispositif qui, s'il barre la vision, invite le spectateur à circuler pendant le spectacle, comme nous le précise au départ l'ethnomusicologue ayant contribué à la présence de la troupe à Paris.

 

 Dérivé du Wayang Kulit, le théâtre d'ombres de Java, le Wayang Golek est une forme spécifique à Sunda, région basée à l'ouest de Java, où règne une atmosphère musicale singulière, aux accents romanesques suaves, comme l'a si bien montré une ethnomusicologue comme Catherine Basset. Accompagné de l'incontournable orchestre de percussions, le gamelan (auquel se joint une vièle rebab, d'origine arabe), le Wayang Golek se distingue du théâtre d'ombres de Java par un style enjoué, lié à sa nature profondément festive.

 

 Ce style fait émerger la figure du dalang, tout à la fois marionnettiste, narrateur, chanteur. Ici, c'est Dadan Sunandar Sunarya, célèbre dalang de Sunda, qui nous gratifie de sa maîtrise. Si sa manipulation des marionnettes fait merveille – jusqu'à l'étonnante scène du personnage qui vomit -, c'est sans doute sa capacité d'adaptation aux conditions de jeu en France qui surprend. Émaillant son récit de mots français, il fait mouche dans sa capacité de séduction du public.

 

 En même temps, du fait de la contraction du spectacle en 1h30, les épisodes du Râmâyana et du Mahâbhârata présentés sont particulièrement axés sur des scènes de combat, accentuant la virtuosité du dalang, mais marquant forcément une limite dans la représentation de ces immenses épopées.

 

 Et si le Wayang Golek laisse une impression globale de légèreté, de fantaisie, la dimension musicale se révèle très attrayante. S'il n'y a pas la dynamique incessante du gamelan balinais, celui de Sunda étonne néanmoins par sa vivacité, son expressivité (renforcée par les voix), la rendant plus expressive que le gamelan proprement javanais. On se rend d'autant plus compte du caractère décontracté de ce gamelan lorsqu'on se déplace autour des musiciens, avec leur façon de s'engager corporellement, malgré leur position assise. Une vraie surprise qui marque d'autant plus la singularité de ce lieu qu'on appelle le pays Sunda, un monde dans un monde.

 

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