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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 22:17

 

 

 

 

 

 

 

Arirang

 

Avec Lee Chun-hee, Yoo Ji-suk et Kang Hyo-joo, chant


Choi Kyuong-man, piri et hautbois taepyeongso

 

Oh mon amour

Ne viendras-tu pas ce soir ?

J'avais fermé ma porte

D'une ficelle effilochée

 

 

 En ouvrant le 18ème Festival de l'Imaginaire avec un concert consacré à la Corée, c'est toute l'entreprise de déchiffrage du patrimoine musical du Pays du matin calme qui est salué. Les différents styles présentés depuis quelques années sur la scène de la Maison des Cultures du Monde témoignent de la richesse musicale de ce pays. Précisément, la tradition vocale invitée cette année, le Arirang, a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 2012.

 

 Sur la scène de la Maison des Cultures du Monde, ce n'est pas moins de trois générations qui ont été représentées, à travers deux déclinaisons principales de cette forme musicale : le gyeonggi minyo et le seodo minyo. Le premier style est illustré par l'arrivée sur scène de Kang Hyo-joo, la plus jeune (née en 1979). Avec son apparition dans sa robe si caractéristique de la culture coréenne traditionnelle, le voyage, avant d'être musical, est un régal visuel. La prestation de cette chanteuse, assez courte dans l'ensemble, révèle une belle voix, grave et profonde, manifestant la prégnance d'un style voué, à travers les âges, à certaines turpitudes.

 

 Avec l'arrivée de Yoo Ji-suk, née en 1963, c'est à un style vocal particulièrement frappant auquel on a prêté l'oreille. Si on a l'habitude d'entendre des musiciens coréens sur la scène de la Maison des Cultures du Monde – au point de mettre en liaison chant et musique -, les vocalisations de Yoo Ji-suk avaient une saveur assez stupéfiante : son répertoire, le seodo minyo, représentant la tradition populaire de Corée du Nord, explore avec une virtuosité confondante l'étroite relation existant entre la technique vocale et la poésie. Heureuse idée que d'offrir ainsi la traduction des poèmes interprétés par les chanteuses (révélant un humour teinté de dérision). On a pu se rendre compte qu'il ne s'agissait pas simplement de virtuosité vocale, mais de restitution par les moyens de la voix des nuances d'un texte. C'est ainsi que lorsque, dans un poème, il est dit qu'un personnage frisonne dans le froid, la voix de Yoo Ji-suk rend à merveille ce tremblement, tout en faisant de ce "vibrato" ornementé une part essentielle de ce style. Sous nos cieux occidentaux, un grand compositeur, Henry Purcell, avait créé le même genre d'effet dans un chant "The cold song", rendu fameux par Klaus Nomi.

 

 Nos yeux et nos oreilles se sont enfin particulièrement concentrés sur Lee Chun-hee, dont Kang Hyo-joo est la disciple. Née en 1947, son chant, au lyrisme plus mesuré, reflète le style gyeonggi minyo, dont elle est l'interprète la plus célèbre. Il y a évidemment quelque chose de particulièrement émouvant d'entendre cette chanteuse exalter une poésie ancienne par une voix qui, si elle ne s'engage pas dans l'expressivité débordante d'une Yoo Ji-suk, apporte ce supplément de chaleur et de maîtrise.

 

 Une autre particularité de ce concert concerne l'accompagnement : alors qu'on est habitué à voir des instrumentistes femmes jouer de fameux instruments coréens (cithares en particulier), il est plus rare de voir trois chanteuses s'accompagner entre elles où carrément chanter tout en jouant du janggu, percussion emblématique de la musique coréenne, notamment du réjouissant Samulnori. Avec les ponctuations caractéristiques émises par les percussionnistes – et les échos nourris dans le public -, le concert apportait une raison supplémentaire de se réjouir.

 

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