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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 23:49

 

 

 

 

Musique carnatique de l'Inde du Sud

 

L. Subramaniam, violon

 

Ambi Subramaniam, violon

 

DS R Murthy mridangam ; Satya Sai, guimbarde

 

 

 Dans le champ de la musique indienne, nombreux sont les maîtres qui nous auront fait l'honneur d'une escale à Paris. Depuis quelques années, certains d'entre eux nous ont quitté, parmi lesquels bien entendu Ravi Shankar, le plus universel, mais aussi Vilayat Khan, considéré par beaucoup de spécialistes comme le plus éminent joueur de sitar ; ou encore Ali Akbar Khan, la référence en matière du jeu de sarod, un luth dérivé d'un instrument afghan.

 

 L. Subramaniam, toujours actif, est une légende du violon. Sa présence au Théâtre de la Ville, le samedi 15 mars, a été autant un évènement qu'elle suscite une interrogation : comment cet instrumentiste, loué par Yéhudi Menuhin, avait-il pu rester aussi longtemps sans réapparaître sur une scène qui aura vu défiler autant d'artistes remarquables, alors même que, dans les années 90, il y venait régulièrement (1992, 1995, 1998). Seize ans après, celui qu'on qualifie de Paganini du violon continue de surprendre, notamment parce que le poids des ans ne semble pas vraiment entamer sa sidérante virtuosité.

 

 Légende de la musique indienne, comme les autres précités, mais pourtant Subramaniam se singularise par une originalité qui le range dans une sphère d'inviolabilité. Aucun autre musicien du sud de l'Inde, région où est jouée la musique carnatique, ne peut lui être comparé, pas même l'éminent Lalgudi Jayaraman. Nommer des violonistes fameux – et il y en a – et l'on pensera plutôt à ceux du Nord, où domine la musique hindoustanie, fruit de mélanges avec d'autres cultures : N. Rajam, V.G. Jog où le plus jeune Johar Ali Khan.

 

 Il y a pourtant, chez Subramaniam, une façon de trôner vraiment à part dans le champ de la musique indienne. S'il garde encore avec lui l'accompagnement relativement classique inhérent à tout raga indien, avec ici percussionniste (mridangam) et joueur de guimbarde, c'est par l'espace accordé au violon que l'artiste se distingue radicalement. Quand, dans la musique carnatique, le ou la soliste (instrumental ou vocal) est souvent soutenu par un instrument (en général le violon, précisément), le violon de Subramaniam, dans son déploiement vertigineux, atteint une telle expression que le dialogue avec un autre instrument devient impossible. Au point que, dans les introductions du raga, c'est le violoniste qui répète lui-même ses propres motifs, érigeant ainsi des plans sonores différents de la plus haute subtilité. Les vingt premières minutes du fameux raga "Kirvani" (édité sur disque) le démontre de manière exemplaire.

 

 Pour autant, Subramaniam n'est pas un musicien enfermé dans sa tour d'ivoire, à peaufiner son inlassable virtuosité. Au contraire, il est l'un des musiciens indiens qui a le plus collaboré avec bien d'autres éminentes figures, aussi bien en Inde qu'avec d'autres musiciens occidentaux. Il serait vain de les nommer ici, tant la panoplie est large. Signe évident d'une générosité dans la rencontre avec l'autre.

 

  A cet égard, la particularité de ce concert du 15 mars repose sur la présence de son fils, Ambi Subramaniam. D'être ainsi le fils d'un aussi grand musicien ne peut engendrer que deux postures : soit prendre une voie totalement différente (pratiquer un style extra traditionnel, jouer d'un autre instrument de musique), soit suivre celle tracée par le père. Dans la famille, Ambi Subramaniam ne déroge aucunement à cette pratique du violon, et il ne faut pas longtemps pour se rendre compte qu'il colle au plus près (style, virtuosité, timbre) de l'esthétique musicale de son père. On a juste envie de dire que la descendance étant assurée, il ne reste plus à Ambi Subramaniam qu'à créer son propre univers sonore. Car, quand on écoute L. Subramaniam, cette impression d'être à l'écoute d'un génie unique en son genre semble ne souffrir aucune comparaison possible, ni reproduction.

 

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