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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 12:54

 

 

Les Grands

 

Texte de Pierre Alferi

 

Conception et mise en scène Fanny de Chaillé

 

Avec Margot Alexandre, Guillaume Bailliart, Grégoire Monsaingeon

 

 

 Sur la scène du Centre Pompidou, on ne sait pas toujours à quelle sauce chorégraphique s'attendre. Bien souvent les registres les plus divers (musique, théâtre, danse) s’entremêlent, mais l'on espère toujours que cela part d'un fondement dansé. Parfois, que ce soit avec une Emmanuelle Huyn, une Marlène Monterio Freitas ou La Ribot, l'effacement de la danse est tel qu'une frustration peut apparaitre, sans pour autant dénier une créativité certaine à ces œuvres.

 

 Avec "Les Grands", adapté du texte de Pierre Alferi, Fanny De Chaillé s'inscrit pleinement dans ce processus d'indétermination du champ artistique auquel on s'attend. Avec l'entrée d'une enfant sur scène, ses déplacements sur cette structure sous forme de marches (qui peuvent, si on pousse l'imagination loin, évoquer des cultures en terrasse stylisées), tout devient possible. Il y a en soi matière à attiser l’intérêt : des déplacements se dessinent, dont on suppose une structuration possible ; on s'attend à un envol, que se glissent quelques pas discrets. Pourtant, très vite, un écart s'opère : une voix d'enfant s'élève, dont on ne distingue pas toujours les paroles, mais à mesure que l'on s'y habitue, le récit devient savoureux , tant les pépites propres à l'enfance émergent. Le seul thème de la sexualité (avec un passage sur la séduction) y est évoqué.

 

 C'est au fur et à mesure que la scène se peuple de toutes ses figures que le spectacle trouve sa véritable ampleur et, par là, distille un charme qui ne se dément pas. Trois temps sont convoqués dans "les Grands" : celui de l'enfance, de l'adolescence et l'adulte, chaque période étant incarné par un comédien. Un télescopage qui amène à une mobilité des dialogues, des confrontations, et qui contient en soi, une force ludique. Certaines scènes sont savoureuses : celle du couple dansant, avec ce décalage un peu burlesque dans la maladresse des gestes. Plus forte, la séquence où un comédien entame un discours d'une rare densité devant les autres assis en face de lui, malgré son caractère édifiant (il y a la saveur d'un Rilke avec "Lettres à un jeune poète"), scandé par leur approbation chorale, marque ce mélange entre rythmique musicale et frémissement théâtral.

 

 Ce moment sérieux ne nuit pas du tout au ton général du spectacle de Fanny de Chaillé, qui est de créer une dynamique telle que, si elle n'est pas foncièrement chorégraphique, elle recèle une variété de figures ou de dispositifs nous donnant l'impression d'une irrésistible poussée.

 

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