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30 septembre 2017 6 30 /09 /septembre /2017 20:56

 

 

 

Pelva Naik, chant dhrupad

 

Pratap Awad, tambour pakhawaj

 

 

 Présente pour la première fois en France sur la scène de l'Espace Pierre Cardin, la chanteuse indienne Pelva Naik est une interprète de dhrupad, un style vocal et instrumental finalement assez peu représenté sous nos latitudes. Se démarquant du chant khyal, beaucoup plus connu pour sa flamboyance vocale, le dhrupad se caractérise par une certaine austérité. Style profondément méditatif, plus connu sous son versant instrumental, au travers de l'impressionnant luth rudra veena, dont Zia Mohiuddin Dagar fut l'un des plus éminents interprètes. Véritable lignée de prestigieux musiciens, les Dagar comptaient aussi en leur sein le chanteur Ustad Zia Fariduddin Dagar, auprès de qui Pelva Naik s'est formée.

 

 Austérité du dhrupad, donc ; mais surtout développement solennel. Loin à priori des envolées virtuoses du khyal, le chant dhrupad opère sur une ligne musicale donnant l'impression de n'avancer qu'à petits pas : mer vocale d'un calme serein à peine dérangé par quelques aspérités. L'avancée est lente si bien que contrairement au khyal – et même aux soli d'instruments ou de chanteurs d'Inde du Nord – la percussion n'intervient que très longtemps après le développement de l'alap, cette partie introductive souvent fondée sur l'improvisation. C'est ainsi que pendant quarante minutes, entourée de deux joueuses de tampura la baignant dans une ambiance sonore tamisée, Pelva Naik pose tranquillement sa voix. Avec un timbre délicat, à la rondeur affirmée, elle installe cette atmosphère méditative si spécifique de la musique indienne. C'est le raga Multani, un raga de début de soirée, propice à laisser l'esprit vagabonder dans un nuage de sons apaisés.

 

 Et, comme souvent, le chant laisse aussi la place à une autre forme d'expressivité concomitante : Pelva Naik, loin d'être dans une posture immobile, renforce sa prestation de gestes incessants. Vrai théâtre chargé de souligner les mots, par l'exécution de mouvements souvent très déterminés, telle une chanson de gestes issus de quelques formes antiques. Les mouvements amplifient la parole, lui donne le relief qu'elle ne semble pas avoir de prime abord, en tout cas la porte vers d'autres sphères jubilatoires.

 

 Puis vient enfin le moment où la percussion entre en scène. Instant toujours attendu, puisqu'il apporte son lot de sonorités scintillantes, de contrepoint sonore. Le pakhawaj, instrument dédié au dhrupad, bien moins connu que le tabla ou même le mridangam (percussion de la musique carnatique du sud de l'Inde), produit des sons particuliers, d'une profonde gravité (notamment côté gauche), ce qui lui donne des sonorités d'allure tribale. Pratap Awad parvient à conférer à la percussion une surprenante virtuosité, un scintillement rythmique auquel on est peu habitués. C'est dire qu'avec la prestation de ces deux musiciens trentenaires, le dhrupad paraît moins austère, transportant le style vers des contrées réjouissantes pour l'oreille.

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