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17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 13:55

 

 

 

Shochiku Grand Kabuki


 

Iromoyô Chotto Karimame Kasane / Narukami


 

Avec Nakamura Shido II, Nakamura Shichinosuke II et les interprètes de la compagnie Shochiku


 


 

 Loin de l'austérité hiératique du théâtre Nô, dont les paroles ne sont pas compréhensibles même pour des japonais, le kabuki offre un visage plus séduisant, dont la profondeur s'allie à une élégance visuelle incomparable. Né au 17ème siècle, le kabuki (« ka » = chant, « bu » = danse et « ki » = le jeu et la mise en scène.) à travers notamment les délicates scènes de pantomime, où la maîtrise ne masque pas la grâce des mouvements, offre un spectacle total, soutenu par la présence des musiciens (les chanteurs assurant souvent les dialogues des personnages). On sait gréé aux organisateurs de nous offrir la possibilité de comprendre, grâce aux écouteurs fournis, le déroulement des pièces, jusqu'aux subtilités sur les codifications liées aux habits, gestes ou couleurs.


 

 Dans "Kasane", interprété par l'incomparable Nakamura Shichinosuke II, on retrouve ce qui fait la singularité du kabuki, à travers son évolution esthétique et historique : le rôle de femme joué par un interprète masculin (l'onnagata). Nakamura Shichinosuke II distille des phases merveilleuses dans sa façon de faire basculer son personnage vers une figure de fantôme, tel un pantin désarticulé, de moins en moins maître de ses mouvements. C'est aussi cette mobilité graphique qui fait tout le prix du kabuki : à travers ces transformations, le corps, dans ses propriétés physiques, devient relatif, comme s'il était aussi manipulable que les marionnettes du Bunraku, autre grand genre traditionnel japonais. Un véritable traité vivant du geste, de l'élégance à la laideur.


 

 Quant à "Narukami", à la veine plus moderne, où des moines virevoltent comme dans un opéra chinois, l'humour y domine, sans pour autant que la qualité des prestations s'en ressente. On apprécie en particulier dans le final, le changement de registre de Nakamura Shido II, dans le rôle du grand moine Narukami qui, sous le coup de la colère, se transforme en une figure irascible, telle une statut d'un temple de Nara qui s'animerait sous nos yeux. Gageons qu'un interprète aussi extravagant que Akagi Maro, de la troupe de bûto Dairakudan (forme de danse éminemment moderne), a puisé dans ce type de personnages pour ses créations contemporaines. Un vrai voyage dans le temps, mais qui provoque une émotion vivace, durable.

 

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