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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 15:00

 

 

 

Divine horsemen

 

documentaire  de Maya Deren (1951)

 

 

 Présenté en remplacement d'une oeuvre de José Agrippino de Paula, le documentaire "Divine horsemen" semble se glisser dans le cycle consacré au cinéaste brésilien de manière impromptue. L'absence totale de sous-titres d'une voix-off pourtant prolixe en explications sur les rites du vaudou à Haïti peut susciter un certain malaise. Pourtant, en fonction de l'intérêt  accordé à ce type de documentaire, on finit très vite par être emporté par la force débridée des images, la précipitation de leurs enchaînements.

 

 Spectaculaires en soi - on y voit des torsions de cous de coqs, des chèvres égorgées -, un décalage s'institue entre les images brutes et la portée pédagogique des commentaires. Ça pourrait faire penser de prime abord à du Jean Rouch ("Les Maîtres fous", par exemple), mais "Divine horsemen" se situe à un niveau à la fois plus classique - par sa vertu pédagogique - et plus stylisé - par l'esthétique mise en oeuvre. Dans son approche poétique, ce sont les ralentis qui donnent au film de Maya Deren sa tournure singulière. Au coeur de scènes intenses où règne un certain chaos lié aux corps en transe, soutenus par les rythmes de percussion endiablés, les ralentis instaurent un autre rapport au déroulement d'une cérémonie.

 

 Là où le défilement normal des images reste lié à une captation spontanée, les ralentis induisent une autre temporalité. Les danses, détachées de leurs soubresauts rugueux, prennent une dimension supplémentaire. Toujours mues par le battement régulier de la musique, elles donnent une aura quasi mystique aux danseurs, comme s'ils ne pouvaient plus se soutenir d'eux-même pour accéder à une autre sphère. Par les ralentis, et les transes associées, le corps s'absente. Il suffit de voir la belle séquence où un danseur est peu à peu filmé en gros plan. Son visage extatique, conjuguant douleur et joie, le fait décoller du plan terrestre et le fait  accéder à une dimension divine, le propre de ce type de rituel étant d'honorer des divinités.

 

 "Divine horsemen" surprend en pointant le décalage existant entre la persistance d'un rite animiste de nature profondément africaine - les percussions étant là pour l'attester - et le port des danseurs. Bien souvent vêtus de blanc, ils s'adonnent à leur rite comme on se rend à l'église le dimanche. Fruit d'un syncrétisme, on y entend même réciter la prière caractéristique de la religion chrétienne. Bien d'autres endroits sur la planète (Asie et Afrique, notamment) ont vu des rites anciens se recouvrir de cette influence, notamment par le travail des missionnaires, ou de manière plus violente. Le film de Maya Deren, en montrant cette interaction, ne prend pas pour autant parti. Il expose, simplement.

 

 

  

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