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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 18:33

 

 

Toumani Diabaté, kora

 

Trio Da Kali : Hawa Kassé Mady Diabaté, chant ; Fodé Lassana Diabaté, balafon ; Mamadou Kouyaté, n'goni

 

 

 Le lundi 18 novembre, sur la scène du Théâtre de la Ville, ce fut l'occasion d'un grand concert ; de ceux qui, finalement pas si fréquents, mettent en lueur la musique africaine, à travers un répertoire désormais internationalement connu : le style mandingue. Et Toumani Diabaté, joueur de la non moins connue kora, en est l'un des plus éminents représentants.

 

 Autant le dire d'emblée : la kora est l'un des plus beaux instruments du monde. Celui-ci, commodément comparé à la harpe occidentale - socle référentiel sans lequel on a l'impression que cet instrument ne peut être identifié - égrène des notes aussi cristallines qu'une cithare indonésienne ou indienne (genre vichitra veena). Sa seule apparence, avec son énorme calebasse, évoque d'ailleurs l'une des cithares les plus remarquables de la musique indienne, la rudra veena. Dans notre univers mondialisé, certains ne se sont pas trompés sur la qualité de cet instrument, au point de former des rencontres, à l'image du virtuose de la musique persane, Dariush Tala'i : il avait offert, à l'abbaye de Royaumont, un mémorable concert en compagnie de Ballake Sissoko, autre grand maître de la kora.

 

 Cette fois-ci, Toumani Diabaté n'était pas seul sur scène. Habitué des rencontres avec d'autres grands musiciens (en particulier Ali Farka Touré), il s'est entouré du Trio Da Kali, leur accordant d'ailleurs une large place. Le concert, conçu autour de la voix de la chanteuse Hawa Kassé Mady Diabaté, révélait toute la force épique de la musique mandingue. De sa voix haut perchée, toute en force de projection, Mady Diabaté séduisait le public en s'accompagnant d'une percussion, instrument aussi simple dans son utilisation qu'il participait d'une sorte de théâtralisation du chant. Ce n'est pas le moindre des talents de Mady Diabaté que de dispenser, à côté de cette maîtrise vocale, une chaleur humaine passant par ses déplacements et ses quelques moments de danse.

 

 Fodé Lassana Diabaté, quant à lui, a offert son exceptionnelle virtuosité au balafon, instrument que l'on rapprochera, comparaison oblige, plus à une percussion indonésienne qu'au xylophone de nos latitudes. A côté de ses accélérations vertigineuses, c'est aussi la dimension percussive de l'instrument qu'il faisait ressortir. L'accompagnement plus discret - mais néanmoins nécessaire pour poser une rythmique régulière - de Mamadou Kouyaté au n'goni, rappelle que ce luth simple, très ancien, est sans doute à l'origine du guembri, fameux instrument indispensable dans la musique gnawa du Maroc.

 

 Il faut beaucoup de modestie ou d'humilité pour laisser autant de place à d'autres musiciens, quand on est soi-même mondialement reconnu. Toumani Diabaté a sans doute les deux car, durant ce concert, il a livré deux soli, d'autant plus attendus qu'ils sont arrivés relativement tardivement. Mais cela aura suffi, pour les connaisseurs, à prendre la mesure de la qualité d'interprétation du musicien. Il fait ressortir toutes les potentialités de la kora, du toucher délicat dispensant des notes evanescentes - installant dans la salle une atmosphère méditative - jusqu'à une virtuosité frémissante accentuant l'instabilité des morceaux et renforçant une impression d'improvisation. Ajoutée à cela la complicité entre ces musiciens, assortis de sourires rayonnants, on a alors l'assurance d'avoir assisté à un grand concert.

 

 

 

 

 

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