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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 15:00

 

 

 

 

 

 

Cherry-Brandy

 

Chorégraphie de Josef Nadj

 

 Que les amateurs d'Anton Tchekov ne s'attendent pas à retrouver l'humour, l'évanescence, la nostalgie inscrits dans ses pièces en venant voir "Cherry-Brandy". Si Josef Nadj s'est inspiré au départ du dramaturge russe pour son nouveau spectacle, c'est en opérant une suture avec deux autres de ses compatriotes emprisonnés dans des camps soviétiques : Varlam Chalamov, dont les monumentaux "Récits de la Kolyma" sont sortis en librairie il y a quelques années, et Ossip Mandelstam, poète auteur de "Tristia". Quand on sait que Tchekov a écrit "L'île de Sakhaline", on comprend alors que le thème majeur de "Cherry-Brandy" tourne autour du goulag. Le titre, repris de Chalamov, avec ses sonorités équilibrées et festives, est donc loin de refléter l'atmosphère globale de la pièce.

 

 On attendait avec curiosité le retour de Nadj sur la scène du Théâtre de la Ville avec un ensemble pour la première fois depuis 2006. On se souvient de ses dernières expérimentations radicales, dans lesquelles l'aspect plastique s'alliait à une forte présence du corps : "Paso doble", avec le peintre Miquel Barcelo, ou, plus récemment, "Les corbeaux", dans lequel il devenait littéralement un pinceau. Transdisciplinarité liée aux postures artistiques multiples de Nadj : chorégraphe, peintre, plasticien, dessinateur, photographe. On rajoutera son goût de la littérature, autour de laquelle s'articule bon nombre de ses spectacles.

 

 Si ces derniers solos ou duos surprenaient par leur profond engagement physique, "Cherry-Brandy", bien qu'il ravive de prime abord la patte chorégraphique de Nadj, se signale par un ton globalement sombre. Que ses danseurs soient tous habillés en noir ne surprend pas spécialement - Nadj est toujours vêtu de noir - ; que le plateau soit plongé dans une pénombre quasi permanente, on en vient à se dire que c'est la gravité du thème abordé qui le motive. Mais de cette noirceur, ce sont surtout la manière dont sont exploités les corps des danseurs qui frappe. On y trouve des physiques atypiques destinés à rendre compte d'une forme de lutte engagée contre la perte, la dégradation.  "Cherry-Brandy" navigue constamment sur le fil tendu entre désir d'élévation - conjointe à une volonté de se sauver - et mouvements de chutes.

 

 Entre les deux, il est beaucoup question de relation entre les corps, basés sur l'équilibre, sur une confiance dans la capacité d'un individu à en porter un autre. Il y a par exemple cette séquence très forte ou un danseur, parmi les plus massifs de la troupe, va en décrocher un autre perché en haut d'une sorte d'étendard. Il le coince entre ses jambes et redescend simplement en prenant appui sur la barre avec ses bras. On imagine aisément la force physique convoquée, mais elle est restituée avec une fluidité étonnante. Des corps glissants doucement dans la nuit obscure, relevant le défi de la perte de contrôle de soi que suppose l'enfermement.

 

 Et Nadj, qui cette fois-ci ne danse pas, en orchestrateur grimé tel un clown, à distance mais tel un veilleur, en poète incarné, jette ses mots sur un tableau, comme pour nous signifier que, dans la douleur, il y a nécessité à maintenir le lien. Ce lien, c'est l'écriture du poète qui jette son éclat dans les ténèbres.

 

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 15:00

 

 

 

 


Anne Teresa De Keersmaeker & Jérôme Bel - 3... par mpirenirenyela

 

 

 

3Abschied

 

Spectacle de Anne Teresa De Keersmaeker et Jérôme Bel

 

 

On déconseille fortement à Daniel Barenboïm d’assister à une représentation de “3Abschied”, de Anne Teresa De Keersmaeker et Jérôme Bel. Au début de ce spectacle au départ improbable, la chorégraphe belge, de son bel accent flamand, raconte comment, désirant créer une chorégraphie à partir de la dernière partie du « Chant de la terre », œuvre vocale fameuse de Gustav Malher, elle alla à la rencontre du grand chef israélien pour lui demander conseil. Il lui avait précisé que s'il y avait une œuvre qui se suffisait à elle-même au point de ne pas supporter ce type d’exploitation, c’était bien l’ « Abschied » (l’adieu). Il lui proposa alors « Daphnis et Chloé » de Maurice Ravel. On ne conseille donc pas à Barenboïm de se trouver dans la grande salle du Théâtre de la Ville non seulement parce  qu'Anne Teresa a osé surmonter son interdit, mais parce que la désacralisation qu’elle fait subir à l’œuvre sublime de Malher, en compagnie de Jérôme Bel, lui nouerait sans doute la gorge de dépit.

 

 Une grande dame de la danse contemporaine rencontre un plutôt jeune (mais rodé) artiste français, et cela donne cette œuvre singulière, dont on peut sentir très vite, pour qui a fréquenté le Théâtre de la Ville depuis un an, qu’elle porte d’emblée, par son mouvement, l’empreinte de Jérôme Bel. La dimension iconoclaste de l’œuvre de Malher est livrée d’emblée, lorsque Anne Teresa lance sur sa console de Dj la célèbre version du « Chant de la terre » interprétée par Kathleen Ferrier, fameuse contralto anglaise au destin tragique. Débuter un spectacle en écoutant ce chant sublime traduisant un adieu au monde, permet de s’installer tranquillement dans la salle.

 

 Mais voilà qu’Anne Teresa interrompt soudain ce chant pour se livrer à un exercice pédagogique, en situant l’œuvre historiquement, puis en exposant sa rencontre avec elle et les raisons qui l’ont poussée à vouloir la danser. L’exercice se poursuit au point de conseiller au public de relire la traduction des poèmes adaptés par Malher avant de se lancer. Il y a là évidemment quelque chose de cocasse dans cette invite. On sent beaucoup la patte de Jérôme Bel dans cette complicité créée avec le public – la salle a été éclairée pour l’occasion -, de même que l’aspect biographique révélé à travers le récit d’Anne Teresa renvoie à sa démarche personnelle, comme dans le récent « Cédric Andrieux ».

 

 On pourrait dire que le spectacle proprement dit commence avec l’interprétation de l’ « Abschied » par l’ensemble Ictus, avec lequel Anne Teresa collabore depuis belle lurette. Les musiciens, présents depuis le début, assis sagement devant leur instrument, sont disposés de telle manière que l’on se demande quelle peut être la place dévolue à la danse. Une mezzo-soprano, Sara Fulgoni, a la charge d’interpréter ce fameux chant. C’est alors que la chorégraphe entame sa danse, sensible, sans clinquant ni morceau de bravoure. De par l’étalement des musiciens sur la scène, il s’agit pour elle de composer avec une sorte de contrainte spatiale, en confrontant son corps à leur espacement, en portant discrètement la main sur l’épaule de l’un, en se faufilant littéralement parmi eux. C’est un travail d’appropriation, de dialogue. 

 

 C’est faire en sorte que le mouvement de la musique et de la danse coïncide. Que la musique prenne corps ; que le corps devienne musique, jusqu’à ce que, un peu plus tard, Anne Teresa s’implique physiquement dans le maniement du piano. L’un des moments les plus forts du spectacle fait suite à l’apparition de Jérôme Bel lui-même sur la scène, lunettes noires d’intellectuel, donnant un tour doctoral à ses explications sur les différentes manières d’exploiter l’œuvre de Malher.  Notamment par la comparaison avec la « symphonie des jouets » de Joseph Haydn, où les instruments se retirent à mesure qu’on s’approche de la fin de l’œuvre.

 

 Manière de confronter la disparition d’un être (l’adieu) à l’effacement des instruments. Et l’effet créé par les musiciens quittant peu à peu la scène, chacun son tour, est réellement prenant, alors que le chant de Malher va vers cette sereine extinction . Poussant encore plus loin l’expérimentation, ce sont les corps des musiciens qui, tour à tour, s’affaissent de leur chaise, suivant l’éloignement du chant. C’est peut-être cette surprise de voir des musiciens impliquer leur corps dans ce processus de déconstruction d’une œuvre vocale qui amène certains spectateurs à rire, alors que, tout comme dans la séquence précédente, c’était le silence qui s’imposait. Une façon comme une autre d’entrer réellement dans ce spectacle inventif.

 

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 11:22
 
 
 
The show must go on
 
Spectacle de Jérôme Bel
 
 Il s'est déroulé quelque chose de très particulier le mercredi 19 mai au Théâtre de la Ville, lors d'une représentation de "The show must go on", reprise d'un spectacle de Jérôme Bel présenté à Paris en 2001. Dans cette salle phare où sont programmés les plus grands chorégraphes contemporains, le public, aussi attentif qu'exigeant, peut se fendre de réactions outrées pour signifier son mécontentement. La chorégraphie de Jérôme Bel, vieille déjà d'une dizaine d'années, est en quelque sorte entrée au répertoire, lui valant, ce soir-là, d'être interprété par le ballet de l'opéra de Lyon. Manière pour une oeuvre ayant marqué une génération de renforcer sa respectabilité.
 
 Pourtant, très vite, un joyeux désordre s'est installé dans la salle; mélange de déroute, d'indignations à peine étouffées tout autant que surprises réjouies. Tout simplement, on n'a sans doute rarement eu autant l'impression que le spectacle se déroulait tout autant dans la salle que sur scène. Les réactions sont principalement provoquées par la façon dont la mémoire individuelle de chaque spectateur est convoquée par les morceaux de musique diffusés par un DJ. Le processus d'identification, d'emblée, fonctionnait à plein. Dès le premier morceau, l'immobilité des "danseurs sur scène invitait à un déplacement de l'attention pour la concentrer sur ce qu'on pouvait connaître le mieux, c'est-à dire cette musique, en ce qu'elle pouvait nous renvoyer à nos propres souvenirs.
 
 D'emblée, certains, oubliant qu'ils étaient dans une salle, poussaient à fond le phénomène d'identification jusqu'à se mettre à chanter. La disparité des corps et des âges, fondatrice du spectacle initial, se déplace ici vers la salle. Puisque, en raison de l'éclairage, les visages des spectateurs sont largement visibles, il y a au départ matière à s'interroger sur la réception d'un spectacle dont la bande son cumule des standards de rock. Pourtant, ces écarts générationnels sont balayés par une magie opérant sur un tout autre plan, balayant du même coup la "muséification" de cette pièce.
 
 Une jeune femme, trépidante d'impatience, manifestement venue pour assister à de la danse, regrette amèrement de payer 15 euros pour voir un spectacle, tant, pour elle, il ne se passe rien sur scène. Elle finira par quitter la salle avec son ami, après des hésitations liées à la crainte de déranger les spectateurs de sa rangée - alors qu'elle n'a pas arrêté de parler. Un homme d'une soixantaine d'années trépigne comme un enfant, applaudissant en cours de spectacle pour marquer son contentement, tandis que sa voisine, encore plus âgée, ne cesse de jeter vers lui des airs ahuris. Comme d'autres, elle semble égarée dans la salle, ne comprenant pas le point de satisfaction qui amènent petit à petit de plus en plus de gens à applaudir après chaque morceau. L'enthousiasme finit par gagner de plus en plus la salle, au point que certains se lèvent pour danser tandis que d'autres, plus discrets mais n'en pouvant plus, se trémoussent sur leur fauteuil.
 
 Ce n'est pas tant qu'il ne se passe rien sur scène pour que des gens se mettent à danser : c'est que la musique - qu'elle parle ou non aux spectateurs - se répand dans la salle comme une onde qui va se saisir de ceux qui veulent bien se laisser entraîner ; qui abandonnent, pour un instant, leur culture chorégraphique. L'incomplétude du spectacle, son vide supposé, son minimalisme créatif, appelle une complémentarité avec le spectateur. Et c'est ce que bon nombre de personnes finissent par comprendre, au milieu des manifestations goguenardes, mais bon enfant. Il n'est pas fréquent, alors même qu'il existe une séparation spatiale nette entre la scène et le public, de voir s'établir un équilibre, une circulation entre les deux.
 
 Alors, y aurait-il donc si peu à voir sur scène pour que le spectateur soit amené à combler une certaine non-représentation ? Certes, les effets sont minimalistes, mais produisent suffisamment pour que ce spectacle reste dans les mémoires. Dans la non originalité revendiquée, il y a chez Jérôme Bel un geste créateur qui consiste, sur un mode référentiel, à saisir "l'éthos" de postures dansées, populaires, inscrites dans les mémoires. Ces gestes, à force d'être identifiés comme tel, pérennisés, prennent pour certains un tour parodique, au point de déclencher, dès qu'ils se manifestent, le rire du public. Rien de drôle à priori de voir répéter une scène emblématique de "Titanic", de James Cameron. La façon dont le plateau disparaît avec les danseurs dans une fosse, contient une réelle charge poétique, tout comme, dans cette même fosse, résonne le morceau des Beatles "Yellow submarine". C'est aussi la force de ce spectacle que de proposer des images identifiables par tous qui contiennent leur capacité de surprendre, d'amuser, ou de faire rêver.
 
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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 10:54
 
 
 
Cédric Andrieux
 
Spectacle de Jérôme Bel
  
 Un cri poussé dans la salle n'aura pas suffi. Cri d'une spectatrice révoltée, cri primal d'insastisfaction, réaction sans doute liée au fait d'assister  à un spectacle éloigné de son attente. Sentiment de solitude, dans cette révolte qui l'amène, en un ultime sursaut, à une tentative d'entrainement du public. Mais elle ne trouve que rumeur exaspérée, injonction au silence. Lui, devant cet ouragan passager, se contente de dire, toujours sur le même ton qui nous fait sentir qu'il est totalement ancré dans son rôle : "Je reprends". Lui, c'est Cédric Andrieux, dont le nom donne son titre au dernier spectacle de Jérôme Bel.
 
 Il se présente sur scène pour raconter sa vie. Programme pas forcément réjouissant de prime abord, quand on sait à quel point, dans ce genre d'exercice, le narcissisme menace de pointer son nez. On a d'ailleurs l'habitude d'attendre d'un danseur... qu'il danse, tout simplement. Mais insistons là-dessus, le spectacle "est" de Jérôme Bel, et s'inscrit dans une série où le chorégraphe demande à un ou une danseuse de retracer son parcours sur scène, comme Véronique Doisneau en 2004.
 
 L'originalité de cet opus tient sans doute à son caractère de documentaire vivant. Sur scène, devant nous, ce que dit Cédric Andrieux - pour autant qu'on adhère à ce procédé - captive littéralement. Car ce qui est au bout du compte mis en avant n'est pas tant la trajectoire seule de Cédric Andrieux que sa relation avec les chorégraphes avec qui il a dansé, en particulier Merce Cunningham (hommage oblige). Le ton égal, feutré, posé, avec lequel il narre son histoire - lié à l'usage d'un micro -, n'en restitue pas moins le chaos de ce cheminement. Etre dans la troupe du grand chorégraphe américain est loin d'être une cinécure. Cédric Andrieux ne se contente pas de faire l'éloge d'un style ; il dit aussi sa lassitude, ses difficultés, ses doutes, toujours à travers cette voix feutrée.
 
 Cette façon de rendre compte d'un parcours, à travers les exemples chorégraphiques dansés, crée comme un choc des temporalités : il s'agit de faire advenir sur scène un certain passé.  On perçoit la difficulté de certains exercices préparatoires de Merce Cunningham - Andrieux nous les montre avec une certaine minutie. La parole offre au corps la possibilité de s'exprimer à nouveau, d'abolir les distances, de rendre vivaces les styles. Ce qui a été difficile l'est d'autant plus que Cédric Andrieux, bien que jeune encore, n'est pas le même que celui qui partait confiant aux Etats-Unis pour intégrer la troupe de Merce.
 
 Parole libératrice, certes, tamisée, mais qui n'en révèle pas moins le dur apprentissage de la danse ; qui n'en atténue pas, par les extraits dansés, la rigueur. Il s'agit littéralement de filtrer la violence du réel dans le tamis de la parole. C'est ce qui rend ce spectacle intense, sous ses dehors apaisés. Le récit de Cédric Andrieux n'en devient que plus lumineux. Le spectateur le perçoit d'autant plus que, loin de se présenter d'une manière close, verticale, il lui est adressé. Chaque extrait dansé est précédé d'un "Je vais vous montrer" - d'où la dimension performative de la parole.  Non ! Un cri dans la salle ne peut suffir à empêcher ce rayonnement.
 
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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 09:19


 
Nearly 90
 
Spectacle de Merce Cunningham

 

 
 Le titre de la dernière chorégraphie de Merce Cunningham résonne étrangement, en raison des temporalités multiples qu'il brasse. "Nearly 90" (littéralement : "près de 90") se réfère au spectacle que Cunningham, en forme d'hommage adressé à lui-même, devait présenter pour ses 90 ans. Effet d'annonce assez espiègle suivi par la présentation le 16 avril 2009, jour de ses 90 ans, de son dernier opus à New York. Manière de coller au temps présent dissous quelques mois plus tard par sa disparition le 26 juillet. La vision de ce spectacle au Théâtre de la Ville, un soir de générale (avant donc sa programmation officielle) ajoute encore à ce décalage temporel, tout comme l'hommage rendu cette année par différents chorégraphes (Jérôme Bel, Boris Charmatz).
 
 Apprécier le style de Merce Cunningham relève de toute façon d'une gageure particulière en ce que, détracteurs ou admirateurs, nous nous trouvons plongés dans un univers artistique singulier. Sa modernité radicale, de laquelle se réclament bon nombre de chorégraphes, se conjugue avec une forme d'archaïsme de la danse. Devant une pièce de Cunningham, il faut s'attendre à un télescopage de dimensions multiples : on croit voir évoluer des faunes, en se replongeant à l'époque de Martha Graham, dont Cunningham a été l'un des danseurs. Le port univoque et persistant, chez ses danseurs, d'un justaucorps renvoyant à cette période inaugurale, ajoute au brouillage de la représentation, en plus de conserver un effet minimaliste. 
 
 Indépendamment de l'évidence acquise de la modernité de la danse de Cunningham, à travers notamment son utilisation du hasard, ce qui contribue à le rendre toujours aussi créatif et perturbant, même pour des spectateurs familiers, tient à cette impression forte d'assister à des spectacles en cours, donnant l'impression de se produire sous nos yeux. Une danse analytique en quelque sorte, fondée sur la décomposition des gestes, tellement éloignée de thèmes si présents chez d'autres chorégraphes majeurs (la question du couple, des tensions de groupe, par exemple). Une danse terre à terre, loin des effets de séduction, des notions de progression, de spectaculaire. Danse se réappropriant les gestes classiques pour les fondre dans un grand bain expérimental.
 
 On se souvient du formidable "Biped", spectacle présenté au Théâtre de la Ville en 1999, basé sur l'utilisation d'un logiciel, "Lifeform", reproduisant sur scène des mouvements aléatoires des danseurs. Technique qu'il poursuivra pour créer ses chorégraphies. Manière de signifier que cet homme cantonné dans un  fauteuil roulant avait définitivement trouvé le moyen, pour créer, de dépasser la limite du corps.
 
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Blog De Jumarie Georges

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