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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 17:52

 

                                      Photo : Youngmo Cho

 

 

Dancing Middle-Aged Men

 

Chorégraphie de Eun-me Ahn

 

 

 Le dernier spectacle présenté par Eun-me Ahn, "Dancing Middle-Aged Men" vient clore une trilogie réjouissante, que le spectateur qui aurait assisté aux deux premiers commence à anticiper la succession des séquences. Voilà pourquoi on attend, de prime abord, le solo inaugural de la chorégraphe, avant de céder la place à ses danseurs. Pourtant, surprise, on ne la voit pas tout de suite : un écran de danseurs s’interpose, pour finalement la laisser venir sur scène. Cette fois-ci sa prestation, totalement bouffonne, laisse une impression mitigée : celle d’un jeu fortement teinté de sons appuyés, qui frisent la complaisance racoleuse.

 

 Passé ce prélude relativement décevant – qui pourtant distille des signaux sur la teneur à venir du spectacle -, on assiste à la véritable entrée sur scène de la troupe. Et on a alors droit à un véritable morceau de bravoure, qui place la danse à un très haut niveau de maîtrise technique. La danse ? On devrait dire, d’une façon plus littérale, l’expressivité étourdissante des corps des danseurs. Un engagement physique ahurissant, qui témoigne d’un travail à mettre hors d’haleine, une jubilation de tous les instants, portant l’accomplissement corporel au-delà de nos schémas chorégraphiques contemporains, où la virtuosité, l’élégance, le dispute souvent à une construction savante.

 

 Ici, la haute technicité s’accole à un sentiment de vertige, comme si les corps devaient dépasser cette maîtrise pour ouvrir sur un autre champ. Formidables moments, où le déséquilibre devient, par une répétitivité saisissante, le concept majeur du spectacle. Voir tous ces danseurs sauter en avant, opérer des roulements et récupérer comme si de rien n’était, dans un tourbillon d'élasticité, confère un sentiment d’ivresse sans faille à "Dancing Middle-Aged Men".

 

 Et cette impression s’accentue, prenant un tour carrément magique lorsque l’eau envahit la scène. Telle une pluie bienfaitrice, elle invite les danseurs à épouser encore plus la force de l’aléa : à combien de reprises, lors d’un saut, d’une roulade, on en voit qui glissent, se récupèrent par miracle, comme si l’assise corporelle forgée par des heures d’entraînement, ne pouvait rompre la souplesse des performeurs. L’eau, loin d’enrayer cette virtuosité, permet au contraire d’en éprouver l’indéfectible tracé, son cheminement inaltérable.

 

 Comme dans les précédents volets, une longue séquence vidéo, qui puise dans la matière du réel, montre des hommes coréens invités à danser. Souvent filmés à l’extérieur – comme pour en renforcer le caractère spontané -, ils se prêtent avec plus ou moins de liberté à l’invitation, qu’ils fassent ou non l’objet du regard d’un tiers. Comme toujours, certaines séquences prennent une allure surréaliste (un homme qui, dans ses soubresauts dansés, harangue un train qui passe ; un autre qui jongle littéralement avec une assiette remplie d’aliments…).

 

 Et tant pis si, dans son ultime mouvement – qui consiste à inviter sur scène certains des protagonistes -, "Dancing Middle-Aged men" n’est pas aussi émouvant que "Dancing Grandmothers", où se tissait entre vieux et jeunes un puissant sentiment de filiation. C’est sans doute que la premiere partie de la pièce, sans doute le plus beau de la trilogie, a laissé dans notre vision enchantée, d’imperceptibles traces illuminées. Irremplaçables.

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