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22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 21:42

 

 

 

Réparer les vivants

 

D'après le texte de Maylis De Kerangal

 

Mise en scène de Sylvain Maurice

 

Avec Vincent Dissez et Joachim Latarjet

 

 

 

 On aura beau expliquer le succès de librairie de "Réparer les vivants" en mettant en avant la question du lien, de la solidarité (sous la forme du don), de l'humanité, il n'en demeure pas moins que ces arguments peuvent se révéler commodes, opportunistes. Le texte de Maylis de Kerangal, loin de toute séduction ne serait-ce que littéraire (ses longues phrases, tressées comme des nœuds savants, ressortent souvent de la maîtrise savamment agencée) se déploie dans un horizon se resserrant dans une veine d'objectivité scientifique.

 

 Alors quid de ce succès, portant sur un sujet relativement ingrat : la greffe du cœur d'un jeune homme victime d'un accident de la route ? Peut-être est-ce cette étrangeté thématique, foncièrement bluffante, qui aura été saluée par les lecteurs. Un texte valant d'autre part à Maylis de Kerangal une série d'adaptations pour le moins étonnantes.

 

 Que l'on n'ait pas vu les autres n'empêche pas d'affirmer que celle de Sylvain Maurice se situe au plus haut. La simplicité du dispositif (le comédien Vincent Dissez évoluant sur un tapis roulant, soutenu par le multi-instrumentiste Joachim Latarjet placé au-dessus de lui) favorise la concentration du spectateur sur l'écoute du texte. Le choix d'opter pour un monologue permet une polarisation dramatique assez intense. En s'emparant de tous les rôles du texte, Vincent Dissez ne livre pas une prouesse propre aux comédiens s'attelant à plusieurs rôles. Dissez n'est pas Philippe Caubère et son interprétation ne tourne pas à cette cette séduction mâtinée à l'épate.

 

 La justesse de son jeu, marquée par une expressivité contrôlée, soutient ce texte aux phrases souvent longues, et il le sert en l'inscrivant dans une dynamique destinée à rendre compte de l'urgence d'un acte : les décisions rapides à prendre (avec, au premier plan, l'aspect moral) afin de procéder à la greffe. C'est la grande réussite de cette adaptation de Sylvain Maurice que de rendre, dans un format assez court (moins d'une heure trente), l'esprit du texte sans lui ôter sa profondeur. Par un jeu vocal discret mais réussi (donner à entendre la voix de Dissez selon différents plans sonores par l'utilisation appropriée de micros), le relief donné aux différents personnages n'en est que plus frappant. Le corps de Dissez, pris parfois dans une course effrénée sur le tapis, confine à la chorégraphie et conforte cet enjeu dynamique.

 

 Sur son perchoir, Joachim Latarjet contribue beaucoup à l'élan créé par ce "Réparer les vivants". De ses multiples instruments (claviers, guitare, trombone), jouant avec sa voix, il enrobe le spectacle d'une atmosphère tour à tour sereine ou grave, enjouée et précipitée. Jamais illustrative, sa prestation propose un contrepoint, un éclairage au spectacle. Grâce à ces deux-là, l'adaptation de Sylvain Maurice fait mouche.

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