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25 janvier 2018 4 25 /01 /janvier /2018 13:59

      Photo © Stephen Cummiskey

 

La maladie de la mort

 

Adapté du récit de Marguerite Duras

 

Mise en scène de Katie Mitchell

Avec Lætitia Dosch, Nick Fletcher,  Irène Jacob

 

 

 Fait exceptionnel, deux pièces de théâtre mises en scène par Katie Mitchell sont présentées simultanément à Paris. L'occasion de se rendre compte de la parenté de mise en scène entre des œuvres assez éloignées l'une de l'autre, quand bien même elles reflètent la démarche de la metteuse en scène, axée sur un féminisme revendicatif.

 

 Cependant, si avec "Schatten (Eurydike sagt)", Katie Mitchell s'appuyait sur le texte de Jelinek portant sur une relecture iconoclaste du mythe d'Orphée et d'Eurydice, faisant de cette dernière une figure émancipée - et trouvant là suffisamment de matière pour exalter sa démarche féministe -, l'adaptation de "La maladie de la mort" de Marguerite Duras relève d'une approche moins évidente. Car ce court texte, d'une incroyable densité derrière sa forme littéraire suggestive, fondée sur un discours indirect, se prête à beaucoup d'interprétations. Et la manière dont Mitchell l'aborde, en voulant orienter différemment la figure féminine, peut laisser perplexe.

 

 Pourtant, dans "La maladie de la mort", la mise en scène en direct, est toute aussi stimulante. Elle va même plus loin que celle de «  "Schatten (Eurydike sagt)", puisque la performance filmée en direct ouvre sur des horizons dépassant le cadre du théâtre. On assiste ainsi à une très belle scène où Lætitia Dosch emprunte un couloir pour déboucher devant l'horizon infini de la mer. Là perce une vraie magie de la représentation liée à la surprise de cette vision. Katie Mitchell, opère aussi des décalages dans certaines scènes : un acte filmé en direct, alors qu'il se poursuit, cède la place sur l'écran à à une autre scène supposée être la suite de la précédente.

 

 Mais cette mise en scène conçue comme une performance cinématographique, aussi brillante soit-elle, ne colle pasvéritablement à l'enjeu esthétique. Certes, s'il est très stimulant de voir des opérateurs (cameramen et perchmen, femmes et hommes) filmer les déplacements des comédiens, créant un véritable montage cinématographique, la répétitivité de certaines séquences finit par lasser : les incessants déshabillages de Lætitia Dosch, les scènes porno chic appauvrissent considérablement la finesse du texte de Duras.

 

 Il y a une volonté chez Mitchell de surreprésenter "La maladie de la mort" pour arriver au bout du compte à répandre sur la scène une trivialité tournant en boucle. A côté du jeu incertain de Nick Fletcher, celui de Laetitia Dosch, plus intériorisé, paraît quelque peu dévitalisé. Il y a bien la voix d'Irène jacob, souple, enveloppante, qui donne une aura plus tamisée à cette adaptation, mais malgré la prouesse de la performance technique, cette "Maladie de la mort" manque cruellement de subtilité.

 

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