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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 13:00

 

 

 

 

 

 Publique 

  

Spectacle de Mathilde Monnier

 

Avec Ondine Cloez, Corinne garcia, Natacha Kouznetsova, I-Fang Lin

 

 

 Créée en 2004, "Publique", est remontée cette année au théâtre de Gennevilliers. Sept ans après, cette pièce continue de surprendre. Son originalité profonde tient au fait qu’il n’était pas évident de voir une chorégraphe de la trempe de Mathilde Monnier s’attaquer à un tel sujet. Et, dans l’horizon chorégraphique actuel, le type de travail qu’elle a abordé reste unique. Certes, de nos jours, les passerelles établies entre des genres dansés forts différents sont monnaie courante. Ainsi, les arts du cirque, le hip hop, ont pas mal intéressé ces dernières années des chorégraphes, au point de créer des œuvres hybrides où ces formes populaires ont eu droit de cité.

  

 Avec "Publique", Mathilde Monnier s’est essayée à autre chose, qui est moins une confrontation, un pont établi avec une autre forme, qu’une absorption pure et simple. Le genre qu’elle convoque n’est précisément pas défini, circonstancié. Elle a fait advenir sur scène la matière la moins définissable possible, en ce que chacun peut, au vu de ce qui se passe sur scène, reconnaître ce qu’on peut qualifier de pulsation ordinaire. Ordinaire. Public.

  

 L’approche de Mathilde Monnier dans "Publique" a ceci de réjouissant qu’elle ne semble pas se préoccuper de fondre l’aspect profondément populaire de ce qu’on voit dans un moule théorique ou expérimental. C’est ce qui contribue à sa réception directe. Pourtant, le point de départ, fondé sur une décomposition lente des gestes des danseuses, pourrait le laisser penser. Lenteur des mouvements, déploiements très progressifs semblent marquer une sorte d’appropriation progressive mûrement réfléchie. Comme un processus analytique marquant l’origine de ce qui allait, l’instant d’après, passer dans le tamis de la subversion. Mais la décomposition se révèle plus décontraction que détachement cérébral.

  

 C’est que, à côté de l’immédiateté communicative de "Publique", on trouve un accent mis sur la sensation. Cela passe par la dissémination d'une énergie produite par la danse et la manière dont elle affecte les danseuses. Corps gagnés par les torsions, les soubresauts, sourires, grimaces de l'une à l'avant-scène, ce sont ces effets qui témoignent d'une envolée incontrôlable. 

  

 L'intérêt de ce spectacle repose également sur la capacité d'identification qu'elle suppose, si tant est que chaque spectateur s'est, à un moment ou à un autre de sa vie, abandonné à quelques pas de danse. Pour autant, Mathilde Monnier n'oublie jamais de fondre cette approche littérale dans ses recherches chorégraphiques. "Publique" ne serait qu'un aimable spectacle où l'on se défoule s'il n'y avait pas des échappées vers la danse proprement contemporaine. On y trouve également un certain humour lié à la scénographie sobre : un panneau, comme ceux où s'élancent les skate-boarders, derrière lequel les danseuses apparaissent ou disparaissent, soumettant leur corps à des effets particuliers, de glissades en bonds.

 

   "Publique" s'appuie tout entier sur la musique de P.J. Harvey, et tire son énergie de la variété sonore proposée. Tour à tour purement rythmique ou expérimentale, avec des émissions vocales étranges, elle permet d'enserrer les prestations des danseuses dans un cadre précis, lié principalement à la durée d'un morceau. Mais le cadre, au lieu de rigidifier l'expression chorégraphique, est ce par quoi les danseuses sont appelées précisément à exprimer leur potentialité. S'ensuit une série de soli rendant grâce à leur virtuosité et leur capacité de déborder de cette chape sonore. C'est leur interprétation  à toutes qui rend ce spectacle enthousiasmant. Publique ?... Ludique.

  

  

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