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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 22:59

 

 

 

 

 

Voyage nomade : musique du Pakistan

 

 Avec Zarsanga, Akbar Khamisu Khan, Nawab Khan

 

 

 Le samedi 8 octobre, dans le cadre d'un week-end consacré au Pakistan, des manifestations étaient présentées au Théâtre de la Ville. Des concerts en étaient les points d'orgue. Celui de 20h30 était sans doute le plus attendu, car y figurait Zarsanga, une chanteuse pashtoune qui a eu, à deux reprises, les honneurs du Théâtre. Bon nombre de musiciens venus de cette région - en y incluant les afghans - ont foulé cette scène, et, au fil des années, contexte politique oblige, leur présence a acquis une saveur particulière.

 

 Pour bien se fondre dans l'ambiance, et amorcer déjà son voyage, il fallait s'imprégner des odeurs de nourriture locale avant d'entrer dans la salle, pour ensuite constater parmi le public la présence de bon nombre de gens originaires de la région. Au dos du programme fourni figuraient les régions marquant la provenance des musiciens invités, outre Zarsanga : Balouchistan, Sind.

 

 Peut-être n'y avait-il pas d'ordre à respecter dans l'apparition des musiciens, mais Zarsanga, inscrite en premier sur le programme, s'est faite attendre. Il peut y avoir une certaine théâtralité, sous couvert de suspense, à espérer la venue d'une chanteuse renommée, mais la prestation des premiers musiciens aura été la plus longue. Deux groupes ont ainsi surgi sur scène, venant s'aligner frontalement face au public, des deux côtés de la scène. Deux groupes, deux représentations visuelles fort distinctes, quand bien même l'aspect traditionnel était d'emblée marqué : à gauche, deux musiciens du Sind (percussion et flûte) frappent l'oeil par leurs vêtements bariolés. A droite, ceux venus du Balouchistan sont au contraire sobrement parés de blanc, avec une jaquette noire, la tête sertie d'un grand turban.

 

 On a déjà eu l'occasion d'écouter l'alghoza, la double flûte, dont la technique étonne toujours, et qu'interprète ici Akbar Khamisu Khan. Compte tenu de la difficulté de l'instrument (émettre deux sons en même temps), on savoure la maîtrise de l'interprète, qui, du haut de sa rondeur imposante, confère à sa virtuosité une puissance physique. La séparation avec le groupe de droite n'est pas totale, puisque un joueur de luth l'accompagne, son instrument aux notes discrètes fonctionnant un peu comme un bourdon. 

 

 La vraie surprise de ce concert vient ensuite de ce deuxième groupe, dont la composition ne change pourtant pas beaucoup par rapport au premier. C'est que le flûtiste, Nawab Khan,  au nar, donne à son instrument des sonorités très surprenantes. Il vient du Balouchistan, frontalier du Sind, et sa prestation est d'emblée extrêmement éloignée de la veine populaire et néanmoins virtuose de Akbar Khamisu. Plus proches du rituel, les sonorités qu'il tire de sa flûte, surprennent par leur répétitivité. Mais la fascination que cela peut engendrer tient au fait qu'il chante en même temps. Sa vocalisation étrange, rauque, semble sourdre du plus profond de ses entrailles, comme arrachée au forceps. Ses reprises de souffle, à la scansion régulière et très audibles, ne sont pas moins étonnantes. Un parfum d'Afrique émane de cette prestation, où ce style de technique est également présent.

 

 Quant à Zarsanga, elle se présentera bien sur scène, mais pour une prestation limitée à trente minutes. Il n'y aura pas l'intensité de son premier concert - et pour cause. A côté de son chant tranquille, de sa voix éraillée qui donne une intensité supplémentaire, son accompagnateur au luth rebab donnait presque l'impression de fanfaronner, introduisant un décalage de génération. Il faut dire que le luth rebab, dans une interprétation de plus en plus inspirée par la musique indienne, devient un instrument majeur dans cette sphère géographique. Mais la reine du chant pashtoune Zarsanga, de sa voix rustique et habitée, a depuis longtemps trouvé à travers cet accompagnement un mode d'épanouissement supplémentaire.

  

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