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6 avril 2017 4 06 /04 /avril /2017 21:19

 

 

 

Another Distinguée

 

Spectacle de La Ribot

 

Avec Maria La Ribot, Juan Loriente, Thami Manekehla

 

 

 Autant dire que pour apprécier le spectacle de La Ribot, il faut s’accommoder du fait que l’on sera soumis à une certaine frustration, tant le dispositif scénique adopté par la chorégraphe marque un défi aux canons de la représentation. Spectacle déambulatoire, certes, mais quand même circonscrit dans un lieu unique : la grande salle du Centre Pompidou, par laquelle on entre, du côté de la sortie de secours, presque en catimini, par effraction lente, du fait de la pénombre qui y règne.

 

 Manière de signifier d’entrée de jeu que cette approche est destinée à troubler le rapport visuel communément admis pour un spectateur, qui est que la lumière se fasse au moment où commence une œuvre sur une scène de théâtre. De fauteuils de la grande salle, on n’aura pas accès, un grand rideau séparant la scène de celle-ci. Cherchant ses marques, on tourne autour d’une structure en plastique noire, tels des adeptes d’une cérémonie secrète.

 

 Précisément, toute la difficulté, dans “Another Distinguée” est de réussir à trouver sa place de spectateur pour suivre la prestation de La Ribot et ses deux compères masculins, Juan Loriente et Thami Manekehla. Dans l’obscurité, comme pour ne pas perdre les traces des performeurs, certains s’y accrochent au point de se positionner au plus près d’eux, fermant totalement l’accès aux autres. Beaucoup de moments de frustration s’ensuivent, comme si ceux qui avaient trouvé une place de choix, s’érigeant en privilégiés, assistaient aux premières loges à une une cérémonie intimiste.

 

 Mais quand on arrive enfin à distinguer des scènes, c'est pour se remettre dans l'esthétique si personnelle de La Ribot, fondée sur cette proximité des corps qui passe par une mise en scène plastique. Traversée de la nudité, comme souvent, où le corps est abordé dans une approche pictural – il devient littéralement tableau sur lequel on trace des lignes abstraites. On discerne aussi, dans des approches physiques déliées, une attention au moindre mouvement de l'autre, en s'y calant au point de s’emboîter.

 

 Curieusement, c’est lorsque la lumière s’affirme un peu plus que cette tendance à l’agrégation des corps de spectateurs se délite un peu, certains consentant à s’asseoir, comme si le plus de luminosité marquait le retour à un fonctionnement plus rassurant, plus traditionnel, où l’on prend en compte la présence de l’autre. Et dans la séquence finale, où la discipline des uns et des autres, enfin retrouvée, participe à une visibilité accrue, c’est le moment pour les trois danseurs, dans un moment purement élégiaque, d’accomplir le retour de la lumière dans une explosion colorée. Le rouge conçu comme le moment ultime, prolongé, de la jouissance visuelle.

 

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